André & Alain Villaret
Serge Roques et Alain Villaret
Les Villaret au Musée Urbain Cabrol, André et Alain, le père et le fils, cette confrontation - après avoir été initiée à la tour de Montsalès- devait trouver un prolongement naturel à Villefranche où leurs oeuvres seront montrées au public du 18 août au 30 septembre.
La première salle est consacrée au père. Né à Paris dans une famille de bougnats issue du Nord-Aveyron, la rue et le bistrot lui fourniront ses premiers thèmes d'inspiration. Autodicdate, la fréquentation des artistes de Ménilmontant, de Montparnasse et de Montmartre lui permettra d'élaborer un style personnel.
André s'oriente vers le métier de vétérinaire et choisit naturellement Villefranche pour son installation professionnelle. Son talent artistique déjà bien affirmé, il devient un membre actif de la vie culturelle villefranchoise. Ne lui doit-on pas le nom de Carco pour le collège et celui de Savignac - l'affichiste - pour le lycée?
Cette première salle, aux tableaux encadrés avec un soin particulier, montre d'abord un Villaret qualifié quelquefois de "parigot".
Rues animées ou désertes, façades aux multiples enseignes évoquent à la manière d'un documentaire un Paris populaire définitivement révolu. Ensuite, place au Villaret "rouergat". L 'Aubrac sauvage, les rivières paisibles (où pointe une influence impressionniste), les paysages enneigés, cette nature rouergate, riche de toute sa diversité, donne de magnifiques toiles lumineuses. A l'autre bout de la salle, délectez - vous des aquarelles inspirées de photos de Doisneau où des personnages pittoresques de la rue: maréchaussée, clergé, prostituées et ivrognes font les frais de son humour.
Quelques marches plus haut, nous voici dans la grande salle et maintenant place au fils, Alain, né à Villefranche et, par tradition familiale, initié précocément à la vie artistique. Après de solides études dans le domaine de l'art, sa vie professionnelle, centrée autour de la création dans divers domaines , l'a conduit sur de nombreux continents.
Peintre figuratif comme son père, on perçoit d'emblée un style proche mais différent, ouvert sur la modernité, et ce, d'autant que ses 22 tableaux sont datés pour la plupart de 2011. L'harmonie des teintes et la lumière émanant de chacun de ses tableaux caressent l'oeil du visiteur. Les thèmes d'inspiration sont divers mais on repère immédiatement une constante: un cadrage tout particulier qui interrompt brutalement son motif, privilégiant ainsi ce qu'il faut mettre en exergue. Voici une collégiale tronquée, la chapelle des Pénitents Noirs privée du sommet de son clocher, de magnifiques chevaliers sans tête, des chevaux réduits à l'avant-train...
L'architecte-designer excelle dans tous les domaines et propose avec bonheur un florilège de techniques. On perçoit la fougue des chevaux, on en saisit tous les mouvements; la neige inspire aussi Alain Villaret en lui permettant d'évoluer entre réalisme et abstraction. Voici un village sans neige puis, le même sous la neige permet d'en étudier toutes les variations. La cathédrale de Lavaur de toute sa masse ocre émerge des frondaisons vertes; des paysages naturels : la région de Saint-Pé-d'Ardet, des vignes et "un chemin au bout de rien" voisinent avec des aquarelles représentant des façades.
Deux artistes, deux époques, deux styles, une exposition réussie.