Voyage à Périgueux - 12 mai 2012
Après un départ matinal , les "Amis de Villefranche" arrivent au coeur de Périgueux à proximité d'un immense parallélépipède de verre et d'acier abritant un magnifique musée gallo-romain.
La guide nous accompagne toute la matinée dans cet immense espace couvert, sans aucun pilier central qui en aurait brisé l'harmonie, et nous démontre avec quelles intelligence et sensibilité , Jean Nouvel, architecte mondialement reconnu, a conçu cette architecture moderne totalement dédiée à la gloire de l'architecture antique, la modernité protégeant mais surtout révélant ce monde des premiers siècles par une sobre géométrie respectueuse du site qu'elle met en valeur.
La savante composition colorée du plafond, à 9 mètres du sol, n'a rien à voir avec l'art abstrait et n'a pas seulement un but esthétique, elle est la simple projection colorée du plan de cette domus de Vésone.
Devant la maquette de l'antique cité, notre guide en rappelle rapidement l'histoire. Avec la paix romaine, les Pétrucores quittent l'oppidum et s'installent dans la boucle de l'Isle où ils fondent une ville établie autour d'un temple dont il ne subsiste qu'une tour éventrée. A la fin du IIème siècle, Vesunna disposait aussi de thermes et d'un immense amphithéâtre. C' est à proximité du temple que la domus de Vésonne a été découverte et fouillée.
Dès les invasions du IIIème siècle, les habitants doivent se protéger derrière un rempart. La ville se modifie profondément et les blocs des édifices démolis seront réemployés pour les fortifications; on retrouve dans le musée ces pierres sculptées de taille imposante - les restes du temple - dont le décor architectural révèle toute la richesse.
Des deux balcons superposés, nous avons une vue spectaculaire sur l'ensemble du site. Nous nous promènerons tout à l'heure autour des restes de murs de chaque pièce. Des gros blocs à la petite bague en passant par les amphores, récipients et vaisselles, voici des témoignages de cette vie enfouie qui nous mettent en présence du quotidien de ce peuple. Leurs croyances, leurs pratiques religieuses, des pièces témoignant du commerce et des échanges, les thèmes des peintures murales, les hypocaustes... ces innombrables restes nous plongent dans la vie des premiers siècles. Tout cela grâce à une présentation muséographique dont nous apprécions les qualités pédagogiques et esthétiques .
Après une agréable pause-repas au "Papa Poule", le groupe se retrouve au sommet de la tour Mataguerre, seule rescapée des 28 qui constituaient les fortifications. En direction du clocher de la cathédrale, la vue embrasse un ensemble désordonné de toitures enchevêtrées des vieilles maisons de Périgueux.
Le centre ancien recèle de magnifiques demeures de la Renaissance comme l'hôtel Fayard et surtout l'hôtel de Lestrade dont nous avons eu le privilège d'admirer l'escalier Renaissance reposant en partie sur des colonnes galbées aux profils variés et dont les caissons sculptés portent des bas-reliefs remarquables.
Ce périple dans l'ancienne cité nous conduit vers la cathédrale St-Front dont nous avons remarqué de loin, outre son clocher, ses formes arrondies hérissées de clochetons proéminents.
Par ses formes et sa blancheur, n'évoque-t-elle pas la basilique du Sacré-Coeur de Paris?
Je ne reviens pas sur la longue et complexe histoire - qui comporte encore de nombreuses zones d'ombre - de ce que l'on a pu appeler "un monstre archéologique".
La hardiesse des cinq coupoles sur pendentifs et son plan de croix grecque constituent l'intérêt majeur de cet ensemble. L'intérieur frappe par son dépouillement confinant à l'austérité qui accentue la massivité des piles de support de la coupole centrale. Les quelques éléments décoratifs en paraissent d'autant plus remarquables comme les immenses lustres, l'orgue récemment restauré, le monumental retable du XVIIè et la chaire supportée par un musculeux Samson accroupi.
Nous quittons la cathédrale St-Front avec le regret de ne pouvoir en admirer ni le porche au nord ni le cloître en travaux.
Périgueux recèle encore de nombreux sites d'un très grand intérêt que l'on aurait aimé voir mais la journée se termine. Les visiteurs satisfaits de cette infidélité au Rouergue pour cette sortie reprennent le car en repensant à cette journée réussie et remercient Danièl Brillet d' en avoir porté le projet.