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Société des Amis de Villefranche et du Bas-Rouergue
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25 août 2014

"L'épopée cathare" par Hervé Olivier

P1020840Je suis heureux, au nom de la SAVBR, de participer au vernissage de l’exposition de M. Hervé Olivier sur l’épopée cathare et je suis très satisfait  que cette exposition  puisse se dérouler à une période de l’année susceptible de drainer vers le Musée une forte affluence,  avec une grande  proportion des jeunes, car elle  le mérite amplement par ses  qualités. Un seul coup d’œil vous a permis d’en juger.

Car il s’agit d’une  double exposition.

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Elle est d'abord artistique. Les tableaux de grandes dimensions, présentant souvent de nombreux personnages, des foules entières, requièrent une science de la composition des scènes, de la perspective, on remarque aussi la parfaite maîtrise de la technique avec la vérité des attitudes, le souci du détail, la beauté des costumes, la lumière, le soin infini apporté à chacun des épisodes de cette croisade etc. Que ce soient scènes de combats ou vie des troubadours, tout est particulièrement réussi, la facture de tous ces tableaux évoque la période classique.

C’est ensuite une exposition historique ayant nécessité une grande documentation : les situations, les costumes, les coiffures, les habits, les équipements, les armures, les armes, tout cela est du XIIIème. Hervé Olivier est intarissable sur cette période comme il l'a  prouvé lors  sa conférence  sur le "XIIIe siècle occitan" où il  a montré  le haut niveau de civilisation du  Midi grâce à  la fusion harmonieuse  des influences grecques, romaines, byzantines avec les Wisigoths puis  musulmanes. Une société de tolérance, d'égalité, de justice et de paix où les femmes jouaient un rôle éminent,  fut anéantie par les Croisés..

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 Cette exposition constitue  une magnifique illustration de  ces évènements passés il y a 8 siècles.

Elle mérite  donc une forte affluence car, en plus de ses qualités, son thème concerne tout public. D’abord les Villefranchois avec le bûcher de Morlhon où périrent, en 1214,  7 personnes, puis tout  le Rouergue avec la prise de Saint-Antonin Noble-Val par Simon de Montfort, avec ensuite  Peyrusse,  les évènements de Najac puis le siège de Sévérac,  la soumission du comte de Rodez à Simon de Montfort ;

Elle intéresse aussi les localités proches concernées par ces luttes: Laguépie,  Cordes, Caylus, Figeac ;

Elle  touche  ensuite les départements de Midi-Pyrénées, ceux du Languedoc-Roussillon et la Catalogne, toute la France du Sud avec la Provence, la France du Nord puisque les croisés provenaient de l’Ile de France, elle concerne aussi d’autres pays d’Europe.

Elle implique  enfin, par la violence des faits et des passions, toute l’humanité.

 

Je voudrais terminer en évoquant la langue de cette époque, langue d’une civilisation raffinée et brillante, d’une civilisation de tolérance : l’occitan. C’était la langue des troubadours, des seigneurs et comtes, des cathares, du peuple donc la langue de tous.

L’Inquisition était la spécialité des Dominicains et lorsque ceux-ci venaient du Nord et ignoraient cette langue, des difficultés surgissaient pour les interrogatoires, ils faisaient donc appel aux autochtones. Ainsi Jacques Fournier, fils de meunier et évêque ariègeois, fut sollicité. On le dit habile et retors, il arrive à arracher les aveux.  Futur pape d’Avignon sous le nom de Benoît XII, il aurait bénéficié des confiscations des biens des personnes convaincues d’hérésie pour édifier son palais forteresse.

  Certains de ses registres ont été retrouvés et ont constitué la base de l’ouvrage de Leroy-Ladurie : « Montaillou, village occitan ».

 Si  le Ségala s'appelle à Villefranche « lou Pétari », il le doit aux Patarins, une des nombreuses appellations des cathares, ce dernier mot ne devient fréquent qu’après le 17ème environ. Or dans cette langue populaire orale aucun autre mot, à ma connaissance, ni expression ne faisaient référence, de près ou de loin, à cette croisade. Ainsi 8 siècles après, la langue orale conserve avec ce mot le seul témoignage de cette guerre, mais la mémoire populaire en ignorait tout. La langue orale conserve à la fois la mention d’un souvenir mais aussi le tabou qui y est associé, Église et pouvoir avaient organisé l’oubli. Il fallait éradiquer le souvenir de "l’hérésie", jusque dans la mémoire du peuple.

 L’exposition d’Hervé Olivier rend hommage à ces victimes, et rappelle utilement cette croisade d’il y a  8 siècles qui modifia profondément l’avenir de notre région.

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