" Campus Stellae, le champ de l'étoile"
Le jeudi 10 avril 2014 a été inauguréé au musée Urbain Cabrol l'exposition "Campus Stella, le champ de l'étoile", en présence de nombreuses personnalités élues et aussi de la vice-présidente de l'ACIR, du sous-préfet de Villefranche et de Claude Loupias de la SAVBR.
Voir ci-dessous deux panneaux de cette exposition
Allocution de Claude Loupias, président de la SAVBR
" Mesdames et messieurs les élus, madame et monsieur, bonsoir,
La SAVBR est heureuse de participer à l’inauguration de cette exposition « Sur les chemins de Compostelle » ; dans le cadre du comité de gestion des animations du musée, la SAVBR avait accepté le projet de la municipalité de réaliser une exposition sur les chemins de Saint-Jacques. Nous ne savions pas encore quelle forme prendrait sa réalisation, j’en ai pris connaissance il y a deux jours et j’ai le sentiment que le choix est excellent. Cette exposition dont Villefranche a la primeur, présentée par l’A.C.I.R., (saluons la présence ce soir d’Aline Tomasin, vice-présidente) traite complètement le sujet, elle est agréable à consulter, attrayante, vivante ; la beauté des dessins n’est pas en conflit avec la vérité historique, certains sont instructifs et représentent monuments ou documents mais d’autres montrent des personnages et ouvrent sur le rêve, l’imaginaire, en plein accord avec le thème du pèlerinage. L’équilibre dans la répartition textes/images incite à la lecture, aisée et agréable. Je pense que cette exposition tirée de bandes dessinées va drainer vers le musée le public habituel mais par son caractère ludique, elle devrait attirer en plus les jeunes générations.
La présence de cette exposition aujourd’hui à Villefranche est peut-être la conséquence un peu lointaine des recherches effectuées par la SAVBR en 1990-1991 où un groupe de personnes, voyant que les publications d’alors ne mentionnaient pas Villefranche parmi les haltes de Saint-Jacques, ont voulu rétablir la vérité historique en rédigeant un livre intitulé « Chemins de Saint-Jacques et Bas-Rouergue ». Je cite leurs noms, certains sont disparus et tous méritent notre reconnaissance : Michel Alaux, Gabrielle Bonnet, Maurice Clerc, Nicole Fayel-Lançon, Patrice Lesueur, Jean-Marie Salson et Michel Solignac. Ce travail fut salué par M. Olivier Cèbe délégué général de l’Association de coopération inter-régionale :« Les chemins de Saint-Jacques » qui disait : « Ce volume offre un témoin qui alerte tous les chercheurs et nos amis sur un foyer renaissant du patrimoine jacquaire et justifie pleinement que, dorénavant, nous sachions diriger tout simplement nos pas entre Conques et Moissac, au travers du Bas-Rouergue. » C’est un bel hommage. Ensuite une association régionale fut créée le 30 avril 1991 à Villefranche : « Sites et Villes d’art sur les chemins de Saint-Jacques en Haute-Guyenne – Quercy, Rouergue et Albigeois ». Dans le conseil d’administration mis en place on trouve les noms de Michel Alaux, Patrice Lesueur et Henri Davy. Aujourd’hui « du Bas-Rouergue vers Compostelle » réanime avec un grand dynamisme ces chemins jacquaires. Saluons ce soir la présence de M. Henri Davy et de son successeur J. P. Mangé pour leur inlassable et forte implication dans ce renouveau jacquaire à Villefranche.
Les pèlerins voyageaient dans le Rouergue occidental avant la création de Villefranche, venant de Conques ils passaient par Villeneuve en direction de Caussade et Moissac. Après la création de Villefranche, l’importance de la bastide oblige Villeneuve à partager les pèlerins. Certains venaient de Rodez par le Mauron avant de continuer par Najac, Laguépie vers Cordes, Gaillac et Toulouse, d’autres par Caussade atteignaient Moissac. En fait les pèlerins restaient libres du choix de leur itinéraire, ils pouvaient aller de Villeneuve à Villefranche ou inversement. Le terme de chemin de Saint-Jacques n’existait pas comme le précise un panneau de l’exposition, et, à la discrétion du pèlerin, tous les itinéraires étaient possibles.
Les chemins n’étaient pas sûrs, les auberges non plus, pensez au pendu-dépendu de l’église de Villeneuve. Des infrastructures seront nécessaires, un hôpital (au sens d’hospitalité) sera créé à Villefranche, il existait déjà à l’initiative des consuls en 1339, des donateurs avaient légué « hostals, patus, ortz, cazals, vinhas, prats, … »
En 1455 fut construite la chapelle Saint-Jacques, à la même époque que la chartreuse Saint-Sauveur. Elle aurait été financée par des dons recueillis à la croix de la fontaine, à l’ancien emplacement de la statue du sergent Bories, cette croix comportait un bénitier et un tronc et les villefranchois qui venaient chercher l’eau faisaient une offrande. Une confrérie de pèlerins animera ensuite cette chapelle.
En fin je voudrais citer Gabrielle Bonnet : « Souhaitons qu’un jour, intégrée au patrimoine public, la chapelle puisse accueillir tout ce qui concerne ces chemins de Saint-Jacques dont Villefranche sut, jadis, tirer le meilleur parti. » Nous n’en sommes peut-être pas loin, des travaux sont en cours. Cette chapelle a déjà vu son portail magnifiquement restauré ainsi que sa porte à plis de serviettes. D’autres projets sont prévus.
Pour terminer cette courte présentation, j’ajoute que cette exposition se suffit à elle-même mais si le visiteur villefranchois ajoute à ce qu’elle nous apprend des renseignements plus précis sur l’histoire locale, il s’en dégage une vision plus globale. On peut faire un va et vient entre les deux savoirs qui s’épaulent et se complètent mutuellement. J’ai remarqué que les hôpitaux étaient en général hors des murs pour que le pèlerin puisse y avoir accès de jour et de nuit, à Villefranche l’hôpital était à l’intérieur, sans doute parce qu’il existait (avant 1339) avant que la ville ne s’entourât de murs. Que se passait-il pour un pèlerin arrivant à Villefranche après la fermeture des portes ? Il devait prendre patience – mais quand on est pèlerin, la patience fait partie de la démarche – et attendait le lendemain. D’autres exemples d’allers et retours entre le général et le particulier permettent de mieux appréhender la situation villefranchoise au regard de ce qui existe ailleurs.
Cette exposition mérite une longue visite et souhaitons qu’elle recueille un grand succès, elle le mérite amplement."
Les nombreux intervenants qui prirent ensuite la parole saluèrent aussi la grande qualité de ce travail.